J’ai soif !
Jeudi 30 juillet 2020, par Le mot de nos prêtres
//Vos petits enfants gambadant joyeusement dans le jardin sous le chaud soleil de l’été se précipitent vers vous pour étancher leur gorge qui sèche. Et leur contentement manifeste, raccourci par l’impérieux appel des activités qui les enthousiasment, ce contentement vous remplit de tendresse : ce pétillement de vie, jailli tout droit de vos ancêtres, vous a été donné et transmis gratuitement, mystérieusement, merveilleusement !
Nos retrouvailles familiales ne sont pas qu’un temps de repos nécessaire : il est bon de prendre le temps de célébrer ce trésor si précieux de nos relations qui nous constituent, nous édifient, nous soutiennent, nous accompagnent. Il n’y a pas de famille parfaite, et nous voyons bien tous que ce fondement de toute vie est terriblement menacé, fragilisé, tiraillé. On pourra toujours essayer d’énumérer les causes et les coupables, mais il me semble que l’urgence est surtout de donner un remède. Les déchirures familiales causent tant de souffrances, et aucune famille n’est épargnée. Alors nous pourrions établir comme règle de survie le confinement estival en famille, au moins le temps pour que chacun se sente aimé, et plus encore pour que chacun puisse renouveler au fond de lui le choix d’aimer ces personnes qui lui sont confiées…
Lorsque la vie ordinaire et l’épreuve du temps amenuisent peu à peu la conscience de l’importance et de la fragilité de nos relations familiales, ce foyer ressourçant et vivifiant peut devenir un désert de soif, où la tentation grandit de chercher ailleurs des compensations illusoires. Pourtant, la source est là, au fond même de notre propre cœur : c’est le choix d’aimer, la célébration de ces liens qui nous unissent, cet effort sans cesse renouvelé de se donner gratuitement qui nous comblent ! Pouvoir crier à sa femme, son mari, ses enfants, ses parents : « j’ai soif ! J’ai besoin que tu m’aimes, et j’ai besoin de t’aimer ! » Si la fidélité suppose la capacité de traverser les moments les plus difficiles, nous pressentons bien combien à chaque victoire, elle assouvit encore plus notre soif de plénitude !
Chaque anniversaire est l’occasion de s’émerveiller d’avoir reçu la vie de l’amour de papa et maman ! Chaque année, le jour de l’anniversaire de mariage est comme le portique sous lequel passent les coureurs, leur annonçant qu’ils ont réussi un tour de plus : en se félicitant, on trouve plus de courage encore pour les efforts à fournir dans les années qui viennent !
Mais nous savons bien que notre cœur est bien trop petit pour aimer sans blesser, pour aimer malgré les blessures. Alors il nous faut crier, comme ces petits enfants qui font avec leur imagination de votre jardin les mondes infinis dans lesquels ils se projettent : « J’ai soif ! J’ai besoin d’une source infinie d’amour ! » Cette source, elle a jailli du plus grand de tous les cœurs, sur la Croix. « J’ai soif ! » s’est écrié Jésus juste avant de mourir… et de son Cœur Sacré, transpercé par la lance, a coulé du sang et de l’eau : dans le don total de lui-même jusqu’au bout, c’est le signe d’un amour que rien jamais ne pourra arrêter.
La veille de sa mort, Jésus a tenu à célébrer avec ses amis cet amour infini dans le signe du pain partagé, leur demandant de faire cela en mémoire de lui. Depuis, d’âge en âge, des hommes continuent de donner toute leurs vies pour continuer de partager ce pain à ceux qui veulent célébrer cet amour pour le faire grandir en eux et autour d’eux. Comment, courant dans le jardin de nos vies, pourrions-nous ne pas avoir soif de ce pain, seul capable d’étancher nos cœurs ? Et si la messe était le ciment de nos familles, la célébration de l’amour divin capable sauver nos histoires d’amour et de leur ouvrir toujours un avenir plus fort ? Comme Dieu notre Père doit se réjouir lorsqu’il voit ses enfants courir à Jésus pour boire à la source de son eucharistie pour devenir capables d’aimer jusqu’au bout comme lui ! « Celui qui a soif, qu’il vienne. Celui qui le désire, qu’il reçoive l’eau de la vie, gratuitement. » (Ap 22,17)