La Miséricorde, un chemin de conversion permanent
Mercredi 3 février 2016, par 2016 Année Sainte de la Miséricorde
//Lorsque Benoît XVI a rendu visite aux détenus de la Prison de Rebibbia, il a repris la parabole des ouvriers de la vigne (Mt 20,1-16) pour expliquer combien, en Dieu, la justice est liée à la miséricorde, et que c’est même précisément dans la miséricorde que se réalise parfaitement la justice.
Une conversion permanente nous est demandée pour conformer notre façon de penser à celle de Dieu : « la justice et la miséricorde, la justice et la charité qui sont des piliers de la doctrine sociale de l’Église, ne sont deux réalités différentes que pour nous les hommes qui sommes attentifs à distinguer un acte juste d’un acte d’amour. Pour nous, ce qui est juste, c’est "ce qui est dû à l’autre", alors que ce qui est miséricordieux, c’est "ce que l’on donne par pure bonté". Mais pour Dieu, il n’en est pas ainsi : en Lui, la justice et la charité ne font qu’un ; il n’y a pas d’acte juste qui ne soit aussi acte de miséricorde et de pardon et, en même temps, il n’y a pas d’acte miséricordieux qui ne soit aussi parfaitement juste »
Cet amour qui va au-delà de toute justice humaine, le Nouveau Testament l’appelle agapè et il s’adresse à tout enfant prodigue, à toute misère humaine, surtout à la misère morale, celle du péché.
Mais il y a plus. Cette puissance de l’amour miséricordieux du Père est capable de promouvoir et de transformer en bien toutes les formes de mal existant dans le monde et dans l’homme : « Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’enlèverai votre cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair » (Ez 36,26). Dieu n’est pas seulement en relation avec l’homme en tant que créateur : « il est aussi Père : il est uni à l’homme, qu’il a appelé à l’existence dans le monde visible, par un lien encore plus profond que celui de la création. C’est l’amour qui non seulement crée le bien, mais qui fait participer à la vie même de Dieu Père, Fils et Esprit Saint »
L’Année Sainte replace l’Église au centre de son identité et de sa mission, dans ce qui est fondamental à une évangélisation véritable, vraiment orientée vers l’homme et vers son salut : « L’Église doit rendre témoignage à la miséricorde de Dieu révélée dans le Christ en toute sa mission de Messie, en la professant tout d’abord comme vérité salvifique de foi nécessaire à une vie en harmonie avec la foi, puis en cherchant à l’introduire et à l’incarner dans la vie de ses fidèles, et autant que possible dans celle de tous les hommes de bonne volonté. Enfin, l’Église ‒ professant la miséricorde et lui demeurant toujours fidèle ‒ a le droit et le devoir d’en appeler à la miséricorde de Dieu, de l’implorer en face de toutes les formes de mal physique et moral, devant toutes les menaces qui s’appesantissent à l’horizon de la vie de l’humanité contemporaine »
En résumé, l’Église est appelée à annoncer la miséricorde par laquelle Dieu le Père nous fait vivre chaque jour dans le Christ son Fils, et par l’œuvre de l’Esprit Saint :
« Nous avons toujours besoin de contempler le mystère de la miséricorde. Elle est source de joie, de sérénité et de paix. Elle est la condition de notre salut. Miséricorde est le mot qui révèle le mystère de la Sainte Trinité. La miséricorde, c’est l’acte ultime et suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre. La miséricorde, c’est la loi fondamentale qui habite le cœur de chacun lorsqu’il jette un regard sincère sur le frère qu’il rencontre sur le chemin de la vie. La miséricorde, c’est le chemin qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à l’espérance d’être aimé pour toujours malgré les limites de notre péché »