PRIER EN FIXANT NOS YEUX SUR JESUS
Jeudi 22 octobre 2015, par Le mot de nos prêtres
//Le récit de la rencontre de Jésus avec la femme samaritaine à l’entrée de Sychar (aujourd’hui Naplouse), au puits de Jacob, nous présente une femme qui est occupée par sa vie ordinaire et vient puiser de l’eau pour boire. Mais son ordinaire la conduit à une rencontre, Jésus. Elle ne sait pas encore qui il est, ni qui la sollicite et lui demande à boire. Elle a sans doute soif, mais ce qui va changer son existence, c’est qu’elle se trouve face à un être infiniment plus puissant qu’elle et qui, pourtant, va manifester qu’il a plus soif encore qu’elle : "donne-moi à boire" (Jn 4,7). Ces mots mettent au centre de la Bonne Nouvelle de Jésus cette vérité essentielle qu’a si bien exprimée saint Jean de la croix : “si l’âme cherche Dieu, son Bien-Aimé la cherche davantage”. Dieu nous aime bien plus que nous ne l’aimons.
Oui, nous avons soif de toutes sortes de choses qui nous manquent, notre souffrance est de voir l’imperfection et la violence qui troublent la vie de notre terre. Sans cesse on nous renvoie l’image de la guerre, l’image des désordres affectifs, relationnels et sexuels, l’image de la misère et de l’égoïsme humain. Que désirons-nous le plus ? Cherchons-nous vraiment Dieu ? Probablement, mais ce désir n’est-il pas trop souvent étouffé par d’autres préoccupations qui nous aveuglent et se présentent à nous comme plus urgentes ?
Notre culture nous porte tellement à être centrés sur nous-mêmes que nous oublions le désir de Dieu ! Quand on nous demande pourquoi nous venons à la messe, ne nous est-il jamais arrivé de répondre que c’est parce que cela me fait du bien ? Mais ce n’est pas la bonne raison. Parfois, d’ailleurs, cela peut nous fatiguer ou nous ennuyer de prier.
Or, au fond de nous, nous le savons et nous devons en témoigner : c’est parce que Dieu nous attend, parce qu’Il désire être aimé de nous plus que nous-mêmes, parce qu’il nous dit "donne-moi à boire" que nous venons le prier. Mes sœurs, vous nous faites comprendre jusqu’à quel point Dieu nous aime nous aussi et nous attend, Il attend que nous nous offrions à son amour. Une fois qu’on a compris cela et, vraiment, merci mes sœurs (Les carmélites de Figeac) de nous y aider ; une fois qu’on a été bouleversé par cela, on n’a plus aucune excuse valable pour négliger la prière. Sauf, bien sûr, si nous sommes réellement appelés de façon urgente par un pauvre en qui nous allons servir Jésus, en qui nous allons apaiser la soif de Jésus, par charité. Mais ce geste devient alors une prière et il prend sens parce que nous gardons une habitude de prière, une relation vivante et personnelle avec le Seigneur.
"Celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; l’eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle" (Jn 4,14). Amen.
Mgr Laurent Camiade
Homélie aux Carmélites de Figeac le 11 octobre